La culture de la patate douce est assez exigeante en France métropolitaine. C’est une technique de culture qui ne s’improvise pas.
En effet, il y a quelques précautions à prendre pour mettre toutes les chances de votre côté.
Présentation de la patate douce
La patate douce est une plante vigoureuse dont le feuillage très dense peut facilement occuper jusqu’à 1 m². Sa végétation rampante rappelle celle du liseron. À juste titre car ils sont de la même famille : les convolvulacées…
Originaire d’Amérique du Sud et des régions tropicales, la patate douce est une plante vivace tubéreuse qui nous séduit par son goût sucré et délicat. Riche en vitamines et minéraux, elle est utilisée aussi bien en légume qu’en dessert.
On ne trouve pas de graines de patate douce. Comme pour les pommes de terre, on doit planter des tubercules qui vont donner une plante qui à son tour produira de nouveaux tubercules.
En France, la saison chaude est trop courte pour la patate douce. Il va donc falloir tricher, en commençant sa culture à l’intérieur. Il existe de nombreuses variétés de patates douces. Découvrons donc les méthodes pour réussir cette culture originale.
Faire soi-même ses plants de patate douce :
3 méthodes
Idéalement, vous commencerez fin février, si vous envisagez de faire pousser vos patates sous serre, et fin mars / début avril si elles sont destinées à l’extérieur.
Achetez quelques belles patates, de préférence en magasin bio pour être sûr qu’elles n’ont pas reçu de traitement anti-germinatif. Soyez très attentif à sélectionner des tubercules très sains, sans aucune tâche suspecte. C’est vraiment important car ils vont séjourner plusieurs semaines dans un milieu humide, et la moindre blessure pourrait les faire entièrement pourrir. Si tout se passe bien, une patate vous donnera environ 15 à 20 plants. Mais par prudence, prévoyez au moins 2 ou 3 patates.
Vous avez ensuite le choix entre 3 méthodes pour faire vos plants.
Préparer ses plants dans un bocal d’eau
Le seul inconvénient avec cette méthode est de s’assurer de bien identifier le haut et le bas de votre tubercule. Eh oui, une patate a un sens ! Le sens dans lequel elle a poussé. C’est important car la moitié supérieure aura plutôt tendance à produire des tiges, et la moitié inférieure des racines.
En général, le bas sera plus pointu et le haut plus arrondi. Si vous comptez produire vos plants avec cette méthode, c’est une bonne idée d’y penser dès l’achat et de ne choisir que des tubercules pour lesquels vous identifiez sans le moindre doute le haut et le bas.
Choisissez ensuite un bocal de taille adaptée à votre patate. S’il est trop petit, il faudra surveiller constamment le niveau d’eau qui baissera très rapidement quand le feuillage se développera.
Prenez 3 ou 4 petits pics en bois, type cure-dents, et plantez-les autour de votre patate, environ au tiers supérieur. Puis posez ce support sur le rebord du bocal que vous remplirez d’eau. Vous penserez à changer cette eau tous les 2 ou 3 jours.
Patates entières dans du terreau
Pas de risque d’erreur avec cette méthode, puisqu’on va tout bêtement coucher la patate dans un récipient rempli de terreau. La patate sera enterrée à moitié. L’idéal est de prendre un récipient percé au fond pour drainer tout excès d’humidité. Et évidemment de le placer dans un 2ème récipient étanche !
Patates coupées dans du terreau
L’avantage de cette méthode sur les deux autres : vous obtiendrez jusqu’à 2 fois plus de boutures ! Sinon, le principe est le même que le précédent. Découpez vos patates en 2 dans la longueur, chaque moitié en 2 ou 3 dans la longueur puis chaque quartier en 2 ou 3 selon leur longueur. Et vous placerez ensuite ces quartiers dans le terreau, côté chair enterrée, côté peau sur le dessus, espacés de quelques centimètres les uns des autres. Vous pouvez aussi utiliser des petits godets de 6 ou 8 cm, en plaçant un morceau par godet.
Quelle que soit la méthode choisie, vous placerez ensuite vos patates dans une pièce chaude, lumineuse et humide. Idéalement, derrière une fenêtre de salle de bain orientée plein sud. A défaut, toute fenêtre orientée plein sud fera l’affaire. Une bonne idée est de fabriquer une mini-serre pour maintenir un milieu plus chaud, et surtout plus humide. Lorsque vous choisissez la taille de cette mini-serre, anticipez, pensez que les boutures pourront faire jusqu’à une quinzaine de centimètres de hauteur.
Mise en place des plants de patate douce
Si tout s’est bien passé, on sera en avril / mai.
Si vous avez enrichi le sol à la plantation, la fertilisation n’est pas nécessaire. Sinon, évitez les engrais azotés, qui favorisent le feuillage au détriment des racines, la patate douce a surtout besoin de potasse.
Une à 2 semaines avant la plantation, assurez-vous d’avoir un sol assez chaud :
- risque de mortalité si température de sol < 10°C
- pas de croissance si température de sol < 15°C
- températures idéales de sol : 20 à 30°C
Si le sol est trop froid, vous pouvez l’arroser une fois abondamment. Une terre saturée en eau transmettra mieux la chaleur en profondeur. Puis, vous couvrirez d’une bâche noire pour accélérer son réchauffement. Une bâche transparente sera plus efficace, mais provoquera une plus grande levée d’adventices (mauvaises herbes).
Lorsque vos plants seront repiqués, attention aux derniers gels printaniers ! Que vous les mettiez sous serre ou en pleine terre, prévoyez une ou deux couches de voile de forçage pour les nuits fraîches. Laissez éventuellement ces voiles en place les journées très froides, en veillant à aérer de temps en temps pour éviter une atmosphère trop humide propice au développement de champignons.
L’espacement idéal est de 70 cm entre les rangs et 30 cm dans le rang, soit environ 5 plants par m² pour la réussite de cette culture ! La patate douce est exigeante en eau, et demande donc des irrigations dès la plantation pour une bonne reprise.
A partir de septembre, commencez à diminuer les arrosages. A partir d’octobre, arrosez très peu sous abris et plus du tout en extérieur : risque d’éclatement et de pourriture des tubercules. Veillez cependant à ne pas laisser trop sécher le sol. Ça vous rendrait la récolte plus difficile.
Une récolte tardive
La récolte va intervenir très tard. Faites donc très attention à protéger vos plants des premiers gels.
Pourquoi est-ce qu’on doit récolter tard ?
Parce que la patate douce n’oublie pas ses origines tropicales. Et sous les tropiques, les jours durent toute l’année entre 11 et 13 heures. La patate douce ne va donc pas tubériser (produire ses tubercules) si les journées durent plus de 13 h. En France, elles durent plus de 16 h en juin, et ne descendent en dessous des 13 h qu’à partir de mi-septembre. La patate douce ne va donc commencer à produire son tubercule qu’en septembre. Il grossira en octobre, et l’idéal si le climat le permet est d’attendre jusque vers le 15 novembre pour récolter ! Si on récolte trop tôt, on n’aura que des “carottes”, tout aussi bonnes mais trop fines pour assurer un bon rendement.
Cependant, si le climat est vraiment trop mauvais à l’automne, la végétation va jaunir puis dépérir. Dans ce cas, inutile d’attendre, les tubercules ne grossiront plus, autant les ramasser avant qu’ils pourrissent ou que les campagnols se servent.
Pour faciliter la récolte, n’hésitez pas à broyer le feuillage s’il est trop abondant. Puis procédez comme pour les pommes de terre, avec une bonne fourche ou
. Mais soyez délicat si vous envisagez de les conserver, car leur peau est fragile.
Source :
Mon potager plaisir
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